lundi 1 avril 2013

Redécouvrir Paris : un peu de bon temps à Menilmontant

Face à la Maison des Métallos : statue de Jean-Jules Pendariès, Le Répit du travailleur - @JulieGutton

Paris est une ville majestueuse mais il est parfois difficile de s’en rendre compte lorsqu’on la côtoie au quotidien. Le métro, la populace, le brouhaha viennent perturber le rapport que l’on peut avoir à la ville. Pris dans l’engrenage du quotidien, une certaine lassitude s’installe dans le regard de chacun.


J’avoue qu’à certains moments je ressens cela très fort, il y a comme un sentiment d’ennui qui vient gangréner mon âme (une belle image de poète maudit que je dois jouer assez mal par ailleurs). Pourtant Dieu seul sait combien j’aime cette ville. Trente quatre ans que je partage une relation amoureuse, quasi fusionnelle qui fait naitre un manque réel lorsque je la quitte trop longtemps.

C’est important de redécouvrir sa ville, s’extraire de son quotidien et contempler ce qui nous entoure avec un autre regard. Prendre de la distance par rapport aux choses qui nous accompagnent mais que l’on ne voit plus. Selon les propos de Maurice (Merleau-Ponty, philosophe) « Il est vrai que le monde est à la fois ce que nous voyons, et pourtant il faut apprendre à le voir ».

C’est ce que j’ai tenté de faire aujourd’hui de façon non pas philosophique mais pragmatique : j’ai troqué un déjeuner dominical au vert pour redécouvrir Paris.

Direction l’Est parisien et la rue de Menilmontant qui porte si bien son nom. La personne qui m’accompagne est fumeuse (c’est mal), a bout de souffle après quelques mètres nous décidons de nous installer à la terrasse d’un troquet attirées par de jolies tables et chaises multicolores. L’air est frais, les nuages passent et viennent caresser de leurs ombres le bitume. Le temps semble suspendu, l’environnement est calme et propre à la contemplation.

Le mélange des genres est là : un jeune couple au style vestimentaire certain, un peu punk à chien pour la coiffe avec salopette et chemise écossaise pour la tenue. Le genre de look plutôt improbable à Paris mais que l’on rencontre volontiers outre Manche.

En bout de terrasse une jeune femme brune avec un grand chapeau en feutre gris dévore un roman (le chapeau ressemble fortement à celui de la marque Sessun collection automne/hiver 2012 pour être précise et encore en vente ici). Elle porte des collants noirs parsemés d’étoiles (disponibles chez Asos ici mais les siens sont plus raffinés). A ma droite un autre couple, cette fois des quarantenaires se passionnent autour de la sortie du livre d’un ami. La femme porte des bottines beiges à paillettes dorées sur le talon, je les reconnais puisqu'elles avaient fait l'objet d'un précèdent billet, elles viennent de chez Aldo!

Un quartier populaire avec des airs de campagne à Paris, le mélange des genres et des cultures est là. C’est en peu de mots le résumé que l’on peut faire de ce quartier.

Ce mélange est le fruit d’une tension. Une tension créative : des jeunes qui se bousculent en riant aux éclats, de charmantes maisonnettes sur cour pavées adossées aux barres d’immeubles des années soixante dix, des devantures abandonnées couvertes de graffs colorés et d’affiches superposées sur lesquelles la nature tente de reprendre ses droits.

Le second mot d’ordre du quartier c’est la surprise, on pense s’engouffrer dans une rue abandonnée et l’on arrive dans un lieu très animé. C’est le cas de la rue Boyer avec la salle de concert la Maroquinerie à quelques pas de la Bellevilloise qui ne désemplit pas même un week-end comme celui-ci.

Plus haut, au 121 de la rue Menilmontant, crèche le pavillon Carré de Baudouin qui propose une exposition d’un collectif d’artistes qui se sont justement penchés sur l’ordinaire contemporain. Le but de l’exposition « All this here »  est de « Transfigurer le quotidien, le voir différemment, non pas dans sa banalité mais dans sa potentialité ».

L’affiche (3) et la thématique donnent envie d’en découvrir plus mais l’endroit est clos les dimanches et jours fériés. So next time...

Nous décidons de revenir sur nos pas, direction la Maison des Métallos pour voir ce qui s’y passe. Devant l’établissement le printemps est célébré par un sol recouvert de cerisiers en fleurs dessinés à la craie (2), l’on doit veiller à ne pas marcher sur l’œuvre pour ne pas l’abimer. A l’intérieur, le spectacle de l’après midi bat son plein,  le mois d'avril propose une programmation riche avec rencontres, débats, projections, ateliers et fête les 20 ans de la compagnie Tamèrentong (8).



Allez, une dernière descente, en velib cette fois, parce que si l’on est des sportives du dimanche l’on n’est pas pour autant des randonneuses aguerries. Direction le café le Plein Soleil métro Parmentier pour finir cette redécouverte autour d’un chocolat en terrasse et profiter des derniers rayons qui se font rares.

 (1) Rue Menilmontant - Devanture d'une boutique aux couleurs acidulées - @JulieGutton
(2) Maison des Métallos - Dessins au sol à la craie de cerisiers en fleurs - @JulieGutton
(3) Le Pavillon  Carré de Baudouin - Affiche de l'exposition "All this here" - @JulieGutton
(4) Direction le théâtre de Menilmontant - @JulieGutton
(5) Façade de la Miroiterie (ancien squat artistique) après expulsion - @JulieGutton
(6) Oh les mains! @JulieGutton
(7) Le barbu - @JulieGutton
 (8) La Maison des Métallos fête les 20 ans de la Compagnie Tamèrentong - @JulieGutton

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